"Après cette guerre, ma famille fit le choix de s’exiler et de travailler au retour de la rose. Un nom de code tu imagines bien. Notre lignée s’implanta donc non loin de ce que les gens de France appelait Brocéliande . A cette époque, la magie restait un mystère mais nous pouvions pratiquer en toute liberté. Nous nous mêlions aux légendes locales. Ces terres nous ont apporté un répit bien mérité pendant des siècles. Le jour où tu me fus amenée, je compris que l’accident de ma famille était un meurtre, que le temps de paix était bien terminé. En te recueillant, je reprenais les responsabilités de ma famille, l’Ordre devait renaître mais j’étais la seule vrai pratiquante ; Trouvé de vrais mages de nos jours est une vraie gageure, surtout dans ce monde. Je repris donc contact avec ce monde abandonné par mes ancêtres et nous pûmes renaître de nos cendres. Tu avais de nombreuses similitudes avec ma petite fille. il me fut donc très facile de prétendre que tu étais la seule survivante de ce terrible accident. Ne m’en veux pas de t’avoir caché tout cela. Mais ton histoire est encore bien longue. Mes pauvres mains ont du mal à tenir la plume, mes yeux fatiguent d’écrire à la lueur des bougies. Mes lubies comme tu les appelles tendrement. Mais elles me permettent de passer pour une excentrique parmi tant d’autres.

Nos histoires sont tellement complexes et liées à tellement de choses.

Il me reste peu de temps et mes pensées sont bien désordonnées. Avant qu’il ne soit trop tard, je... "

Une explosion, muette ; le son se perd dans cette immensité. Un tourbillon coloré s’accumule, s’enroule sur lui-même. Peu à peu, sa masse diminue, une silhouette se dessine. Le corps céleste, svelte, se revêt d’une longue tunique blanche parsemée d’éclats d’étoiles. Les longs cheveux se nattent d’eux-mêmes et forment un magnifique filet argenté. Les ténèbres ont beau vouloir dévorer cette nouvelle lumière, elles reculent face à autant de clarté et de puissance. Un autre flash et la nouvelle venue ouvre ses yeux d’argent liquide sur cette immensité si noire. Elle tourne sur elle-même, observe ses mains si fines et si blanches. Elle semble perdue. Elle crie mais ne s’entend pas. Elle crie ce nom si cher à son cœur ; sans réponse, elle se roule en boule.